44e Régiment de Sapeurs Lanciers
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Le prix de la gloire (par Nade)

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Le prix de la gloire (par Nade) Empty Le prix de la gloire (par Nade)

Message par Gérard Bouchard Lun 14 Déc - 17:50

https://www.youtube.com/watch?v=hbw1pGUhG7Q


- Allez, en avant !

Au coup de sifflet du Capitaine Darcaux, les hommes surgirent par centaines des tranchées dans lesquelles ils s'étaient entassés en vue de l'assaut à venir.
A peine le premier eut-il sorti sa tête hors de l'abri qu'il fut tué d'une balle en plein front. Les mitrailleuses crachaient des milliers de fragments de mort, arrachant la vie dans un spectacle grotesque et atroce. Les tirs d'artillerie de campagne et de mortiers faisaient trembler la terre, retournée, éventrée, par la pluie d'obus qui s'était abattue sur elle des heures durant. Par centaines les hommes avaient disparus, leurs restes ne faisant plus qu'un avec la boue.
C'est au milieu de cette terre morte que les hommes continuaient leur course. Ils tombaient, anonymes, piétinés par leurs camarades, à peine morts mais déjà enterrés. Ils s’arrêtaient dans les trous d'obus, se tapissaient, repliés sur eux mêmes, tremblant de peur, mais aucune cachette ne pouvait les protéger des tirs de mortiers. Ils mourraient, là, les viscères à l'air, sans un râle.

- Ne vous arrêtez pas, continuez à avancer.

Le Capitaine Darcaux entraînait ses hommes en avant, un éclat de shrapnel avait laissé une plaie béante sur sa joue, mais il avançait, hurlant d'avancer à ses hommes.
30 mètres, 40 mètres, 50 mètres, 3000 hommes, 4000 hommes, 5000... a chaque pas un homme tombait, et à chaque fois, un autre surgissait derrière lui, continuant sa course au milieu des enfers.
Une fumée âcre recouvrait la plaine, ravagée par l'artillerie. Mais les hommes avançaient encore et toujours, les yeux rougis et la gorge déchirée. Ici, on pouvait voir un jeune soldat, rampant à la recherche de ses jambes emportées par un obus, là un autre, essayant de réveiller un camarade coupé en deux par les mitrailleuses, ou encore un, debout, immobile, attendant la mort, et d'autres encore, agonisant, hurlants de douleur, de peur.

- On y est presque, encore un effort !

Les cadavres azur recouvraient des dizaines de mètres de terre ensanglanté. Bientôt, on atteindrait les tranchées ennemies, mais combien d'hommes étaient encore en vie ? Le Capitaine Darcaux se retourna, contemplant l'étendue du carnage, puis, dans une gerbe de terre et de chair, disparut à son tour. Les hommes poursuivaient leur avancées, piétinant la dépouille de leur capitaine.
Ils s’enchevêtraient dans les fils barbelés au dessus desquels ils essayaient de sauter, ils étaient lacérés de toute part, avant qu'une balle ne vienne achever leur supplice. Ils se jetaient dans les tranchées, se battant à coup de poing, de pelle, de poignards, éventrant, matraquant leurs adversaires, les balles pleuvaient encore, et dans cet étroit couloir, les mitrailleurs donnaient au carnage une nouvelle ampleur. Le déluge de mortier ne cessait pas, amis et ennemis étaient mêlés dans la mort, leurs os blanchiraient ensemble.
On n'irait pas plus loin, pas aujourd'hui.

Le soleil dépassait seulement au dessus de l'horizon en ce 16 avril 1917, il était 7h, l'assaut avait duré à peine 1h, et déjà la Bataille du Chemin des Dames était perdue,même si elle durerait encore de longs mois.

Par Nade

_________________

Gérard Bouchard

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Date d'inscription : 01/07/2013

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