44e Régiment de Sapeurs Lanciers
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Rédemption (par Nade)

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Rédemption (par Nade) Empty Rédemption (par Nade)

Message par Gérard Bouchard Lun 14 Déc - 17:41

Lisez ça avant (auto promo) avant, c'est un petit conseil si vous voulez bien tout comprendre



https://www.youtube.com/watch?v=V4jG3QJKYR0
(Ce RP a été écrit uniquement pour aller avec cette musique,excusez donc l'absence d'originalité)






Billy était debout sous le soleil brûlant de l'Arizona, une légère brise soulevait de fins nuages de poussière du sol. A quelques mètres de lui gisaient deux hommes, deux de plus à ajouter à son tableau de chasse. Un troisième, Pelford, sa cible, campait encore fermement sur ses pieds et le transperçait de son regard noir. Son revolver était pointé en direction de Billy qui tendit son arme dans sa direction.
Une déflagration retentit, plus sèche, plus bruyante, plus effrayante que toutes celles qu'il avait pu entendre dans sa vie.
Et Dieu sait qu'il en avait entendu.
Alors que la balle que lui était destinée déchirait l'air devant elle, il se remémora.


Il avait été parmi les premiers, et sans doute l'un des plus enjoué lorsqu'il avait fallu prendre les armes pour défendre sa terre en 1861.
Il était alors le plus fier des hommes, pavanant comme un paon dans son uniforme gris, s’entraînant sans cesse au tir. Il avait l'impression que la vie lui donnait enfin l'opportunité tant attendue, celle d'enfin devenir quelqu'un.
Ses talents de pisteur et son sang froid à toute épreuve l'avaient vite propulsé en première ligne, trop vite sûrement. Pour un garçon de ferme dont le marquage au fer de têtes de bétail avait été l'action la plus violente, se voir ainsi plongé dans un bain de sang sans précédent n'est pas la plus saine des choses. Il s'en était rendu compte en vieillissant, mais il s'en accommodait, il s'accommodait de beaucoup de choses à vrai dire.
Ranger, il était ranger. Un éclaireur, un espion, un assassin même s'il le fallait. Et en temps de guerre, il le fallait souvent.
Ce jour là, ce n'était qu'une mission de routine, mais il y rencontra ses deux meilleurs amis et alliés.
Le premier, un splendide Colt Army qui, dès lors, ne quitterait plus jamais sa hanche, sinon pour ôter la vie. Et Red...
C'est au milieu de la fumée et des balles que se forgerait leur amitié, la fumée, les balles, et le sang, beaucoup de sang.
Ils sont vites devenus les portes-flingue des galonnés, accomplissant les plus basses besognes, et devenant, au passage, des légendes. Des légendes aux mains écarlates.


La balle le percuta en plein torse. Il crut sentir ses yeux sortir de leurs orbites. Son corps entier vacilla. C'était donc ça, voilà comment on se sentait mourir. Pendant tant et tant d'années il avait distribué la mort, mais à cet instant précis il se rendit compte qu'il en ignorait tout. Il aurait pu en rire s'il avait encore le souffle nécessaire.


Ils avaient parcouru les États-Unis de la Californie à la Virginie pendant de longues années après la guerre. D'aucun aurait trouvé de tels voyages enrichissant, mais ce n'était pas son cas. Aveuglé qu'il était pas son inextinguible soif de sang il n'avait à aucun moment mesuré la chance qu'il avait.
Combien avaient-ils été à périr de sa main ? Il avait rapidement arrêté de les compter. Appâté par les primes, ou par le seul besoin d'assouvir son envie de vengeance il n'avait jamais connu une journée sans violence pendant bien des années. Malgré tout, il prenait toujours un malin plaisir à accomplir sa besogne, il aimait qu'on le reconnaisse, et ce pourquoi on le reconnaissait.
Pendant des années, Red et lui avaient traqué et éliminé certaines des pires crapules qui peuplaient ce pays abandonné de Dieu et de la raison. Cela en avait-il valu la peine ?
Il avait refusé tout remord, toute compassion, et avait préféré noyer chacun de ses doute à grand renfort d'alcool et de colère. Il avait senti chaque fragment de son âme abandonner son être, chaque once d'humanité déserter, fuir sans se retourner.
Les primes su succédaient, laissant derrière lui un chemin pavé de corps. Et lui, encore debout, était peut-être déjà tout aussi mort qu'eux.


La douleur était indéfinissable, ses moindres forces avaient été happées hors de lui. Il s'écroula lentement, tombant lourdement sur ses genoux, haletant péniblement. Il tourna la tête, regarda son frère et Red au loin. Des larmes chaudes coulaient le long de ses joues. Le vent venait coller des grains de sable dans le sillon humide, affublant son visage de deux cicatrices grotesques. Tous ses sens étaient en alerte, la vie qui restait en lui se débattait tant bien que mal. Sa vision troublée par les larmes et par la douleur capta un mouvement dans sa direction. Son bourreau venait achever le travail.


Tout c'était passé très vite, Red avait voulu s'attaquer à trop gros pour lui. Il avait tenté de le dissuader, de le raisonner, mais rien n'y avait fait. Alors il avait pris sa décision, il avait choisi de lui tourner le dos, à celui qui était son seul ami. Il avait voulu s'associer à son frère, John, qu'il n'avait pas revu pendant des années. Un dernier contrat, une dernière balle et il arrêterait.
Il s'était fait cette promesse sans y croire, il ne savait rien faire d'autre, il ne s'imaginait pas faire quoi que ce soit d'autre à vrai dire. Il avait prit la route de Palouse Town, John sur ses pas.
Là bas, alors qu'il était sur le point d'appuyer sur la gâchette, il reçu une proposition. Buck, le shérif de la ville, celui là même qu'il était venu abattre lui offrait du travail, sa rédemption. Quand il l'a accepté, a-t-il cru un seul instant qu'il mènerait dès lors une vie paisible ? A quoi bon se poser cette question de toute façon. Au moins il dormait avec un toit au dessus de la tête et était payé régulièrement.
Cela avait duré quelques années, quelques années pendant lesquelles son arme n'avait pas eu le temps de refroidir.
Quand il s'était séparé de Red, une morosité tenace avait prit possession de son esprit, morosité que seule la violence démesurée semblait atténuer. Ce qu'il avait longtemps pris pour du respect, il avait compris qu'il ne s'agissait que de crainte, il se croyait juge, il n'était que bourreau que la seule odeur du sang suffisait à ravir. Il se croyait libre, il n'était qu'esclave de sa propre vie.


Péniblement, il s'était redressé, collant presque son visage à celui de Pelford qui débitait des paroles qu'il n'entendait pas. Il perdait ses repères les uns après les autres, chaque partie de son corps semblait mourir l'une après l'autre.
Il releva difficilement la tête, pour regarder celui qui le tuerait dans les yeux.


Quand Red avait refait surface il avait accepté de le suivre, il n'avait plus la force de combattre sa nature. Avec John ils s'étaient relancés tous trois dans une chevauchée meurtrière, il enleva encore de nombreuses vies, éraflant encore plus la sienne. Il traînait son existence comme un boulet derrière lui, luttant à chaque pas.
14 ans... 14 ans que sa guerre durait, il était temps qu'elle finisse. Il ne savait pas ce qu'il avait espéré trouver en reprenant la route. Avait-il laissé derrière lui tout espoir de faire autre chose ? Pensait-il trouver la rédemption, peut-être même la mort ? Il ne s'était même pas posé la question, il ne s'en posait plus et ne se souvenait pas s'en être déjà posé. Certaines choses sont immuables, il considérait le fait qu'il tue pour se sentir vivant comme tel. Se sentait-il vivant pour autant ? Il l'imaginait, il ne savait pas trop ce que cela voulait dire, à quoi cela ressemblait. C'est donc ainsi qu'il avait identifié le frisson qui lui parcourait l'échine quand il appuyait sur la gâchette.
Peu importe le chemin qu'il avait parcouru, les questions qu'ils ne s'étaient pas posées, le destin qu'il s'était imaginé. Il arrivait désormais au terme de son existence.



Il plongea son regard dans celui de l'homme à quelques centimètres de lui, il le dévisagea, et le choc fut plus grand encore que celui de la balle qu'il avait reçue. Ce visage, c'était le sien. Ce regard moqueur et méprisant qui le toisait, ce rictus, c'était les mêmes qu'il avait affiché de si nombreuses fois. Il senti une dernière fois le sang bouillir en lui, la rage accumulée pendant des années explosa. A cet instant il comprit, tout. Il comprit qui il était, ce qu'il avait fait et ce qu'il devait faire.
Faisant appel à ses dernières forces et à toute la puissance de la colère qu'il éprouvait envers lui même, il se saisit du couteau pendant encore à sa ceinture et, dans un craquement à en faire pâlir le plus brave des hommes, transperça la tête si familière mais déformée par le dégoût de l'homme face à lui. Le couteau rentra sous le menton pour ressortir au dessus du nez. Le visage n'était à nouveau plus que celui de Pelford, défiguré et sans vie.
A cet instant, alors qu'il rendait lui aussi son dernier souffle, il sentait des dizaines d'yeux plantés sur lui, ceux des hommes qui l'attendaient déjà en enfer.
Il tomba en arrière, jetant un dernier regard plein de mélancolie au ciel bleu, observant avec envie le vautour qui tournoyait en grands cercles au dessus de sa tête.
Mais à cet instant précis, alors que les ténèbres l'envahissaient, il sourit, il se sentait libre, plus qu'il n'aurait jamais cru l'être.
Sa tête heurta lourdement le sol, et il n'était plus.

Gérard Bouchard

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Date d'inscription : 01/07/2013

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