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Les Aigles de l'Amirauté (par Nade)

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Message par Gérard Bouchard Lun 14 Déc - 17:53

Les Aigles de l'Amirauté.


« - Voulez vous bien me rappeler la date Capitaine ?

- 23 Avril Monsieur.

- 23... Avril... de l'année... 1851, daté et Signé... Amiral A. Nade, Officier Commandant de l'Amirauté Française. Voilà qui devrait faire l'affaire Capitaine Gamersot. On se revoit ce soir chez Monsieur le Ministre DuAmnelle.

- Très bien Monsieur, passez une bonne journée.

- Vous de même Capitaine. »


Les bureaux de l'Amirauté étaient situés dans une aile de l’Hôtel des Invalides, reconverti depuis quelques années en Quartier Général des États-Majors des Armées Françaises. De sa fenêtre, l'Amiral pouvait voir les immenses structures des Chantiers Impériaux Aériens, c'était là que l'Austerlitz avait prit son envol quelques mois auparavant, le premier des Aéronefs de Guerre produit en Europe. Depuis, la France s'était doté d'une flotte nombreuse et puissante, capable de tenir tête à la terrible Royal Air Navy britannique. Du jour au lendemain, l'Amiral A. Nade était devenu l'un des hommes les plus important du pays. Ancien marin réorienté vers « l'arme aérienne », il était à ce jour à la tête de l'une des forces armées les plus puissantes d'Europe.

L'Amiral passa la journée à remplir de la paperasse, puis, le soir venu, il jeta son manteau sur ses épaules et quitta son bureau. Il traversa à grands pas un dédale de couloirs avant de déboucher dans la Cour d'Honneur. Les gigantesques purificateurs d'atmosphère clairsemés dans la ville emplissaient l'air d'un ronronnement perpétuel, prix à payer bien faible pour pouvoir respirer un air pur.

L'Amiral poursuivit sa route, il traversa le Pont Neuf, tourna derrière le Grand Palais, et atteignit la Résidence Ministérielle de DuAmnelle, Ministre des Armées et de la Guerre.

« - Qui dois-je annoncer ?

- Amiral Nade, je suis attendu

- Mille pardons Amiral, je ne vous avais pas reconnu, veuillez excuser ma vue qui faiblit »

Nade pénétra dans le grand salon, remplit de militaires et d'hommes politiques. Il serra quelques mains et échangea des mots de courtoisie avec une brochette d'officiers endimanchés avant que toute l'assemblée ne soit conviée dans la salle à manger.
Une immense table était dressée pour recevoir les quelques 50 convives de la soirée.
L'hôte de la soirée, le Ministre DuAmnelle fit son apparition, accompagné de Monsieur d'Aigremont, Directeur du Cabinet des Affaires Étrangères.
Le Ministre prit la parole.

« - Je vous en prie, prenez place. Ne prenez pas cette soirée comme un rendez vous de courtoisie. Vous ne le savez que trop bien, nous sommes en guerre, et pour la première fois depuis que l'Homme tue ses semblables, ce n'est pas sur la terre ferme que l'issue de ce conflit se décidera. Notre flotte aérienne est puissante et est plus développée que celle de nos adversaires. Cependant, seule une coordination inter-armée pourra nous apporter la victoire.
Je me déleste du poids des présentations, vous ne vous connaissez tous que trop bien. Je vais donc laisser la parole à l'Amiral Nade qui va se charger de présenter son État-major. »


Ce dernier se leva, se gratta la gorge et prit la parole.

« -Bonsoir. Notre Flotte est encore jeune, nous serions donc en droit de penser que ses hommes sont inexpérimentés. En 10 mois, nous avons réussi à lever et à former près 250 000 hommes qui sont aujourd'hui aptes au combat et rompus à la manœuvre. J'ai une confiance absolue en chacun d'entre eux, m'étant moi-même assuré du bon déroulement de leur formation. En plus de ces hommes, la Marine, dans un acte de collaboration Interarmes, a formé 50 000 de ses troupes embarquées au combat aérien. Nous avons donc 300 000 hommes qui n'attendent que mon ordre pour partir. Nos vaisseaux sont prêts à intervenir. La majorité est basée dans le sud de la France, à moins d'une journée de vol du théâtre des opérations, mais nous disposons également d'escadres dans le Nord Pas de Calais, en Normandie, et le long du Rhin.

- De combien d'appareils disposons nous ? L'interrompit un vieillard, sans doute membre d'un quelconque bureau ministériel.

- Plusieurs milliers, entre les vaisseaux de combat lourd, les intercepteurs, les ravitailleurs, et j'en passe, la liste est trop longue. Sachez seulement que notre puissance de feu est 100 fois équivalente à celle de Nelson à Trafalgar. Laissez moi vous présenter mon Etat-Major restreint, les Capitaines Gamersot et Ixion »


Le dîner se poursuivit tard dans la nuit. Le lendemain, l'heure ne serait plus aux réjouissances, le lendemain, il faudrait partir en Guerre.

Le ciel était bas et l'air glacial. Les hommes, par milliers, s'agitaient sur les passerelles d'embarquement. Les troupes d'Infanterie Embarquée étaient passées en revue. Les membres d'équipages faisaient les derniers préparatifs, et les techniciens effectuaient un ultime contrôle des machines avant le départ. Le vrombissement de milliers de moteurs emplissait l'atmosphère.
Partout les soldats enlaçaient leur fiancé et déposaient un dernier baiser sur leurs joues mouillées par les larmes avant de monter à bord de leurs aéronefs. Beaucoup ne reviendraient pas, mais aucun ne se doutait à quel point le baptême du feu de l'arme aérienne serait meurtrier.
L'Amiral Nade observait la scène depuis une plate-forme qui surplombait le grand embarcadère. Il donnait ses instructions à ses seconds.

« -Gamersot, vous rejoindrez l'Escadre Méditerranéenne à Orange. Le Major Delafosse vous y attend pour prendre ses ordres. Une fois votre flotte complète, foncez à Tunis et attendez y mes instructions.

- Très bien Amiral

- Monsieur Ixion, dîtes-moi, des nouvelles de l'escadre britannique ?

- Ils ont lancés quelques vaisseaux sur le Pas-De-Calais et la Normandie, pour tester nos défenses. Leurs pertes ont été importantes. Le Groupe de Combat Nord a bien rempli sa mission, et nos pièces d'artillerie lourde ont prouvé leur efficacité. Aux dernières nouvelles, les Anglais passent par l'Atlantique pour rallier Casablanca. Il faut s'attendre à des raids sur les côtes Atlantiques.

- Parfait, comme prévu vous partez donc pour Casablanca, il ne fait aucun doute que vous y serez avant eux. Prenez les de cours et bloquer leur l'accès au désert.

- Et les Allemands Amiral ?

- Ils ne peuvent passer ni par l'Alsace, ni par l'Italie, nous n'avons rien à craindre d'eux dans l'immédiat. A l'heure actuelle, nous n'avons pas encore déterminé leur destination. Le plus probable reste Benghazi, mais Tunis n'est pas à exclure. Quoi qu'il en soit, Gamersot, c'est vous qui serez en première ligne.

- Bien Monsieur.

- Une fois les objectifs Est et Ouest sécurisés, nous pourrons envoyer la 3e Flotte et les Troupes Portées dans le couloir sécurisé en direction du Sahara. Elles prendront possession du terrain et de l'espace aérien.

- Ce plan est infaillible Amiral.

- Oh, ne vous emportez pas trop vite. Nos ennemis ont sûrement un plan infaillible eux aussi. Nous ferons face à des difficultés, mais je compte sur vous pour prendre la situation en main.
Rassemblez vos flottes et larguez les amarres messieurs, un long voyage nous attend tous, et au bout de celui-ci, la mort nous guette. Bonne chance, et qu’Éole vous garde. »

Les 3 hommes échangèrent une poignée de mains avant que les Capitaines ne rejoignent leur vaisseau. Nade observait l'armada s'élevant dans le ciel. Les ballons gonflés et les moteurs rutilants envoyaient les aéronefs à pleine vitesse vers leur destin.
Au bout de quelques minutes, l'Amiral rejoignit son propre vaisseau, le Bonaparte, fleuron de la flotte française. 180 mètres de long, 4 ponts, 120 pièces d'artillerie de tous calibres et 1550 hommes d'équipage. Soulevé dans les airs par plus de 200 000m3 de gaz et propulsé par 8 moteurs à vapeur, ce titan semblait invincible.

L'Amiral remplissait le livre de bord avant d'ordonner le décollage. Il fut interrompu par Monsieur d'Aigremont qui entra dans la cabine après avoir timidement frappé à la lourde porte blindée. La pièce était étroite mais richement décorée aux couleurs de l'Amirauté, Sang et Azur.
L'Amiral se leva de derrière son minuscule bureau pour saluer son visiteur.

« - Vous avez décidé de vous engager Monsieur ? Plaisanta Nade

- Non, merci, sans façon, lui répondit d'Aigremont avec un sourire forcé. Je venais vous confirmer les droits de passage au dessus de l'Espagne et de l'Italie pour nos flottes.

- Parfait Monsieur, mais un télégramme aurait suffit.

- J'avais envie de voir un peu l'intérieur de la bête. Mon Dieu, ce vaisseau est monstrueux.

- N'est ce pas, il n'a aucun équivalent ailleurs en Europe, à part le Blücher peut-être. Ce qui est sûr, c'est que le Victory britannique ne lui arrive pas à la cheville, que ça soit en terme d'armement, de blindage, de vitesse...

- Certes, certes. Je dois vous souhaiter bonne chance Amiral, Dieu seul sait ce qu'il peut se passer quand les hommes décident de s'éventrer à des centaines de mètres au dessus du sol. La France compte sur vous.

- Merci monsieur, vous transmettrez mes amitiés au Ministre.

- J'y compterai »

D'Aigremont quitta la pièce, tirant avec peine la porte derrière lui. Nade s'assit en soupirant puis se replongea dans son travail.




Le Capitaine Gamersot, à bord de La Ligne faisait route vers Tunis, il avait sous son commandement 150 vaisseaux de toute taille, dont une centaine l'attendait à Orange.
Il échangeait des signaux lumineux avec Ixion, qui, sur l'Intrépide, avait mit le cap sur Casablanca.

Aussi entraînés soient-ils, aucun des hommes n'avait encore connu le feu, ou en tous cas, jamais à 200 mètres au dessus du sol.

C'était au dessus des sables brûlants que l'Europe avait décidé de régler ses comptes. La France, la Grande Bretagne et la Confédération Germanique étaient à couteaux tirés depuis des siècles, chacun pensait que cette guerre serait la dernière, qu'à son issue, une nation s'élèverait, invincible au dessus des autres. Mais bien des hommes n'auraient jamais l'occasion de se rendre compte de leur erreur, alors que leur crâne blanchirait au soleil.

Gérard Bouchard

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Date d'inscription : 01/07/2013

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